
Dans la série des "mauvaises herbes", après la prêle et le chiendent, nous nous éloignons un petit peu du sujet avec cet article sur le lierre (qui n'a rien d'une "herbe"), mais voilà une liane dont il nous paraît important de parler, tant sa triste réputation repose sur de fausses idées.
Le principal reproche fait au lierre grimpant, Hedera helix pour les intimes, est qu'il étouffe d'une manière ou d'une autre l'arbre sur lequel il grimpe... or c'est tout simplement faux !
Contrairement au chèvrefeuille, à la glycine ou au figuier étrangleur, le lierre n'enserre pas son hôte, mais y grimpe de façon rectiligne et plus ou moins verticale, ne causant aucun dommage de type étranglement, nanification ou déformation.
Les crampons dont il se sert pour grimper servent exclusivement de ventouses et n'ont pas un rôle nutritif : ils ne s'enfoncent donc pas dans le bois ni ne pompent la sève de l'arbre.
Il est facile de remarquer que le feuillage du lierre ne surplombe jamais celui de son hôte et ne l'empêche donc pas de faire sa photosynthèse... du moins tant que celui-ci se porte bien. C'est seulement si l'arbre commence à mourir (pour une raison quelconque) que le lierre peut le recouvrir complètement et favoriser sa décomposition, d'où cette croyance tenace que le lierre tue les arbres. L'erreur est compréhensible.
Enfin ses racines sont bien plus superficielles que celles des arbres et n'entrent donc pas en concurrence avec elles. Seuls les jeunes arbres sont à protéger car ils peuvent subir cette concurrence.
Non seulement le lierre n'est pas ce parasite tant redouté, mais il est un bienfaiteur de différentes façons :
- En décoction, infusion ou cataplasme, le lierre a de nombreuses propriétés thérapeutiques : expectorant, antispasmodique et cicatrisant, il est efficace contre l'encombrement et l'inflammation des bronches, contre l'arthrose et les rhumatismes, pour soigner les plaies, les démangeaisons, les brûlures et les cors au pied.
- Contre un mur de maison, il fait office d'excellent isolant. C'est uniquement si le mur n'est pas sain, s'il est friable ou si des fissures sont déjà présentes que le lierre peut y infiltrer ses crampons et l'endommager.
- La couverture dense et persistante qu'il forme autour d'un tronc protège celui-ci du gel et des variations thermiques en général, du feu et des animaux mangeurs d'écorce.
La floraison du lierre ayant lieu en septembre-octobre, elle n'entre pas en concurrence avec celle de son hôte, puisque la plupart des arbres fleurissent entre le printemps et l'été ; mais surtout, ses fleurs sont parmi les dernières de la saison et sont donc une panacée pour d'innombrables butineurs. Son feuillage persistant est aussi un abri de choix pour quantité d'insectes, ainsi que pour certains oiseaux qui, au passage, se régalent de ses fruits (mûrs dès le mois de mars).

Abeilles, guêpes, bourdons, bombyles, frelons, eumènes, fourmis, syrphes, mouches, faucheux, araignées, chenilles et papillons, sauterelles, éphippigères, mantes religieuses, punaises, mésanges charbonnières, mésanges à longue queues, troglodytes mignons... En septembre, c'est un plaisir d'observer les lierres bourdonnant et fourmillant de vie.
Nous vous quittons donc sur un petit florilège de ceux qui ont bien voulu se laisser prendre en photo…
Divers polinisateurs que vous retrouverez surement dans l'inventaire de la faune sauvage du site de la Graine :