Le chiendent commun est une herbacée vivace et très commune sous nos climats. Ses rhizomes très longs et ramifiés lui permettent de se propager rapidement. Tout comme de nombreuses plantes dites "fourragères", les plantes de la famille des Poacées (ou Graminées) dont le chiendent fait partie ont co-évolué avec les animaux brouteurs pour survivre à leurs attaques : plus on coupe le chiendent, plus il se multiplie.
Il peut ainsi devenir extrêmement dense et concurrencer très fortement les autres plantes, même les jeunes arbres. La seule façon de le faire reculer (sans produits chimiques) est d'extraire ses rhizomes de la terre… et dans un sol argileux compacté, ce n'est pas une mince affaire !


Ceci dit...
En 2015, sur le jardin du Grand Jas, les nombreux arbres fruitiers plantés ou semés sont encore un peu jeunes pour protéger le sol du soleil et de la pluie. En attendant, le chiendent est là pour faire tracer ses rhizomes un peu partout, et fournir un couvre-sol dense. À l'ombre des arbres, il disparaît de lui-même. Le chiendent abrite bien entendu quantité d'insectes divers, et les chenilles de plusieurs papillons sont très friands de ses feuilles. Par ailleurs, le jardin étant inondable, les rhizomes du chiendent aèrent le sol et le tiennent en place pour ne pas qu'il soit lessivé dans la rivière.
Lorsque nous débarrassons une future zone de culture de son chiendent (à la grelinette et à la main), il nous sert de paillage une fois séché. Tondu dans les chemins, il nous fournit de la matière organique azotée pour la confection de buttes en lasagnes ou de compost à chaud. Dans les espaces de détente ou de jeux, il est agréable sous les pieds... Et même dans les cultures, nous avons remarqué qu'il cohabitait parfaitement avec certaines plantations : les fraisiers poussent et se multiplient sans problème au milieu du chiendent !
Un autre de ses atouts est qu'il consomme les excès de nitrate et de potasse, ces engrais chimiques légués par les propriétaires précédents ou bien charriés par la rivière.
C'est donc une plante riche en potassium, mais aussi en fer, en protéines, en silice, en glucides, en fructose, etc., que nous avons utilisé plus d'une fois en purin. Et elle est comestible ! Les extrémités de ces rhizomes sont juteux et un peu sucrés lorsqu'ils sont jeunes ; c'est sympa à croquer pendant qu'on désherbe !

Nous n'avons pas encore tenté l'expérience mais, apparemment depuis la préhistoire, les rhizomes de chiendent ont été séchés et moulus pour produire une farine et confectionner des galettes, voire du pain. Et de tout temps, ses grains aussi ont été consommées, en Europe, en Asie et en Amérique du Nord.

En infusion ou en décoction, les rhizomes sont apéritifs, dépuratifs (toxines, arthrose...), émollients (cellulite...), anti-inflammatoires (prostate, voies digestives...), diurétiques, cholagogues, fébrifuges, vermifuges, efficaces contre les problèmes urinaires et les coliques néphrétiques. Les sels de potassium qu'ils contiennent dissolvent les calculs biliaires et rénaux. L'infusion est aussi utilisée en usage externe contre l'eczéma... Et nous ignorons sans doute encore beaucoup de choses à son sujet..