
Lorsqu'on se lance dans la reproduction de semences potagères et que l'on cherche à préserver les variétés, mieux vaut savoir comment chaque espèce cultivée se comporte en matière de pollinisation et de croisements.
Suite à plusieurs confusions souvent entendues concernant l'hybridation possible entre différentes espèces de Cucurbitacées, il nous semble intéressant de faire un petit point spécialement sur cette famille.
La famille Cucurbitaceae comprend plus de 120 genres (Cucurbita, Cucumis, Citrullus, Lagenaria...) et environ 800 espèces différentes, mais nos jardins n'en accueillent généralement pas plus d'une dizaine. Les plus communément cultivées sont :
- Citrullus lanatus : les pastèques.
- Cucurbita ficifolia : la courge de Siam.
- Cucurbita maxima : les courges communément appelées potirons et potimarrons.
- Cucurbita moschata : les courges musquées comme la 'Butternut', la 'Musquée de Provence' ou la 'Longue de Nice'.
- Cucurbita pepo : les courgettes, les pâtissons, les citrouilles, la courge spaghetti, certaines variétés de courges ornementales et de courges sauvages.
- Cucumis melo : les melons.
- Cucumis sativus : les concombres et les cornichons.

Cucumis melo
Melon 'Hale's Best Jumbo'

Cucumis sativus
Concombre 'Sweet Marketmore'

Cucurbita maxima
Potimarron 'Red Kury'

Cucumis pepo
Courge 'Thelma Sander's Sweet Potato'

Citrullus lanatus
Pastèque à confiture 'À Graines Rouges'

Cucumis sativus
Cornichon 'Blanc Petit De Paris'

Cucurbita pepo
Courgette 'Ronde De Nice'

Cucurbita pepo
Pâtisson 'Orange'
Dans la nature, des croisements se produisent très souvent entre espèces différentes et, dans des cas très rares, les genres peuvent aussi se croiser. Mais ces hybridations dites interspécifique et intergénérique ne concernent quasiment pas les Cucurbitacées. Seule Cucurbita argyrosperma, une espèce rarement cultivée hors du continent américain, présente des possibilités de croisement avec quelques-unes de ses cousines (essentiellement moschata, mais aussi maxima, pepo et d'autres moins familières). Pour toutes les autres, c'est seulement au sein de chaque espèce que deux variétés sont susceptibles de s'hybrider : deux potirons, deux pastèques, la courgette avec le pâtisson, le concombre avec le cornichon...
Il est donc tout à fait possible de cultiver de nombreuses Cucurbitacées sur la même saison, tout en préservant au final une variété de courgette, une de courge musquée, une de potiron, une de concombre, une de melon, etc.
Il faudra seulement prendre garde bien sûr à ne pas cultiver plusieurs variétés de la même espèce en même temps et au même endroit, ou toutefois à ne pas les laisser se polliniser l'une l'autre. Car si la plupart des Cucurbitacées sont capables de s'autopolliniser, elles ont toutes une préférence pour la pollinisation croisée auxquelles nos bons amis les insectes peuvent procéder jusqu'à parfois plus d'1km de distance.
Pour cette raison, il conviendra aussi d'aller fouiner un peu dans le voisinage proche, histoire de voir ce qui s'y cultive.
Cultiver plusieurs variétés ensemble n'est pas pour autant une mauvaise idée, si vous ne tenez pas à préserver vos variétés ou, au contraire, si vous souhaitez en créer de nouvelles ! Mais ça, c'est un autre sujet...


Un précision, pour finir : il semblerait que ce mythe de l'hybridation interspécifique chez les Cucurbitacées concerne fréquemment les concombres et les melons, tous deux appartenant au même genre Cucumis. Néanmoins, ce sont bien deux espèces distinctes, sans risque de croisement.Le responsable de cette confusion s'appelle Cucumis melo flexuosus, le concombre arménien ou melon-concombre. En effet, celui-ci a beau se faire appeler concombre et ressembler à un concombre jusque dans le goût, il s'hybridera naturellement avec n'importe quelle variété de melon (mais pas avec les concombres) puisque, botaniquement parlant, c'est un melon.
Pour en savoir plus sur les caractéristiques de chaque espèce, les méthodes de culture, la pollinisation et la production de semences des Cucurbitacées (ou de nombreuses autres familles potagères, d'ailleurs), nous ne saurions trop vous recommander la mine d'informations qu'est l'ouvrage Semences de Kokopelli.